Catéchèse du Pape François sur la prière (4 novembre – extraits)

La prière possède un primat : elle est le premier désir de la journée, quelque chose que l’on pratique à l’aube, avant que le monde ne se réveille. Celle-ci donne une âme à ce qui autrement resterait sans souffle. Un jour vécu sans prière risque de se transformer en une expérience fastidieuse, ou ennuyeuse : tout ce qui nous arrive pourrait tourner pour nous en destin mal supporté et aveugle. Jésus éduque en revanche à l’obéissance à la réalité et donc à l’écoute. La prière est tout d’abord écoute et rencontre avec Dieu. Alors, les problèmes de tous les jours ne deviennent pas des obstacles, mais des appels de Dieu lui-même à écouter et rencontrer celui qui est en face de nous. Les épreuves de la vie se transforment ainsi en occasions pour grandir dans la foi et dans la charité. Le chemin quotidien, y compris les difficultés, acquiert la perspective d’une “vocation”. La prière a le pouvoir de transformer en bien ce qui, dans la vie, serait autre-ment une condamnation ; la prière a le pouvoir d’ouvrir un grand horizon à l’esprit et d’élargir le cœur.En deuxième lieu, la prière est un art à pratiquer avec insistance. Jésus lui-même nous dit : frappez, frappez, frappez. Nous sommes tous capables de prières épisodiques, qui naissent de l’émotion d’un moment ; mais Jésus nous éduque à un autre type de prière : celle qui connaît une discipline, un exercice, et qui est pratiquée dans une règle de vie. Une prière persévérante produit une transformation progressive, elle rend forts dans les périodes de tribulation, elle donne la grâce d’être soutenus par Celui qui nous aime et nous protège toujours.Une autre caractéristique de la prière de Jésus est la solitude. Celui qui prie ne s’évade pas du monde, mais privilégie les lieux déserts. Là, dans le silence, peuvent apparaître de nombreuses voix que nous cachons au plus profond de nous-mêmes : les désirs les plus cachés, les vérités que nous nous obstinons à étouffer et ainsi de suite. Et, surtout, dans le silence Dieu parle. Chaque personne a besoin d’un espace pour elle-même, où cultiver sa propre vie intérieure, où les actions retrouvent un sens. Sans vie intérieure nous devenons superficiels, agités, anxieux –comme l’anxiété nous fait mal ! C’est pourquoi nous devons pratiquer la prière ; sans vie intérieure, nous fuyons la réalité et nous nous fuyons aussi nous-mêmes, nous sommes des hommes et des femmes toujours en fuite.Enfin, la prière est le lieu où l’on perçoit que tout vient de Dieu et retourne à Lui. Parfois, nous les êtres humains, nous croyons être les maîtres de tout, ou bien au contraire nous perdons toute estime de nous-mêmes, nous allons d’un côté et de l’autre. La prière nous aide à retrouver la juste dimension, dans la relation avec Dieu, notre Père, et avec toute la création. Enfin, la prière consiste à s’abandonner entre les mains du Père, comme Jésus au jardin des oliviers, dans cette angoisse : “Père, si c’est possible…, mais que ta volonté soit faite”. L’abandon entre les mains du Père. C’est une belle chose quand nous sommes agités, un peu préoccupés et que l’Esprit Saint nous transforme de l’intérieur et nous conduit à cet abandon entre les mains du Père : “Père, que ta volonté soit faite”. Chers frères et sœurs, redécouvrons, dans l’Evangile, Jésus Christ comme maître de prière, et mettons-nous à son école. Je vous assure que nous trouverons la joie et la paix.